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Lutte Muscles en action
Par Béatrice Goffin


Un passé proche. Les années qui s'empilent...

Déjà pour "Force et beauté", puis pour "Muscle au féminin", j'avais pris la plume pour donner vie à ma passion: la force féminine, le muscle d'Elle non pas seulement pour l'esthétique, l'exhibition, le concours, ce qui est déjà une fantastique conquête sociale, une reconnaissance; mais plus encore, pour sentir ses muscles travailler en harmonie avec son souffle et son endurance, sur des mouvements rapides et puissants programmés par une technique sans cesse en recherche et pouvoir ainsi se mesurer à l'autre, soit dans un jeu de lutte défoulant, ponctué de rires ou dans une franche et sportive compétition où la gagnante doit immobiliser ou soumettre sa partenaire, parfois sa rivale.

La lutte nous vient du fond des âges et des gravures nous montrent des Spartiates ou des Egyptiennes au corps à corps ou en plein pugilat sportif. Sans parler des Amazones de l'époque mythique... à moins que les Amazones ne soient de toutes les époques...

Je pratique la lutte active depuis 20 ans en lutte libre, lutte soumission, j'entraîne un club où j'ai formé des dizaines de jeunes filles sans compter les stages à Athènes, Amsterdam, aux USA et je garde le même enthousiasme.

La lutte est ma vie non seulement par les coupes et les trophées, les titres, les dizaines de vidéos qui retracent mes victoires, mes défaites aussi, mais par la fierté d'avoir aidé au lent changement des mentalités et par-dessus tout pour les contacts humains, les voyages, les amoureux, je dirais même les adorateurs de la lutte qui perdent leur souffle lorsque deux filles vont lutter, qui collectionnent les vidéos, ou d'autres qui vendraient leur âme pour affronter une lutteuse et sentir la force féminine les dominer, les écraser.

Ces quelques photos font revivre le souvenir de quelques belles «empoignades» et nous interpellent sur quelques aspects psychologiques de la lutte. Les combats féminins sont souvent acharnés où chacune devient rivale, mais la lutte révèle aussi de longues amitiés. Les hommes perdent devant les femmes. Est-ce seulement pour se montrer «gentleman» ? Ou est-ce un profond penchant pour le plaisir de la défaite ? La femme lutteuse est dominante et la gagnante aime le faire sentir à la perdante, surtout si c'est un perdant.

La lutte ne retrace-t-elle pas en jeu, le simulacre de la vie magnifiée qui fortifie l'espèce par "la mort" du perdant ?

N'est-ce pas la pulsion inconsciente que nous portons tous en nous qui veut imposer sa descendance, mais tant de fantasmes, de préjugés, de traditions ont brouillé tout cela...

La lutte, source d'équilibre mental et physique, défoulement d'agressivité, langage universel. Tant que la lutte reste un rituel, exigeant sans doute, mais codifié pour tonifier les êtres et non point les blesser elle sera objet de fascination, et le libre accès des femmes à la lutte peut, nous l'espérons, faire évoluer nos civilisations vers plus d'équilibre et peut-être d'égalité... à moins que la femme ne soit définitivement supérieure !!!


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Paru dans le magazine Athena 2, volume 3, Paris 1996.

Par Béatrice Goffin, Monitrice de lutte, Jemelle, Belgique.


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